Depuis quelques années, on assiste à Genève à une intensification de la conflictualité sociale. Mouvements de migrant-e-x-s, grèves des fonctionnaires et du secteur privé, mouvement pour le droit à la ville, luttes dans le domaine de la culture ou encore contre les violences policières sont autant d’exemples récents de conflits collectifs. Ils ont souvent évolué hors des cadres institutionnels et ont remis au goût du jour des pratiques plus ou moins offensives (comme les manifestations sans autorisations, les occupations et la reprise de l’espace public) qui se sont confrontées à la répression policière puis judiciaire. Cette dernière se manifeste parfois des mois plus tard lorsque l’euphorie et la force collective du mouvement sont retombées et enferme les inculpé-e-x-s dans un rapport individuel qui les démuni. Répondre politiquement à la répression, c’est d’abord s’organiser contre l’isolement qu’elle engendre, en se donnant des outils collectifs de défense. C’est également construire un autre discours que celui des médias, qui transmettent complaisamment les communiqués des pouvoirs publics et contribuent à dépolitiser la répression.
Dans ce contexte et fort de la conviction qu’il est indispensable de s’emparer collectivement de la répression, le Groupe Anti-répression de Genève s’est donné les objectifs suivants:
Informer :
Chacun-e-x-s devrait avoir l’opportunité de connaître ses droits face à la police et la justice. Le groupe Antirep produit et diffuse le plus largement possible de la documentation sur les droits dont il faut avoir connaissance pour se défendre correctement.
Soutenir :
Le groupe anti-répression soutien, dans la mesure de ses moyens, les personnes ciblées par la répression et leurs proches. Il le fait en apportant des conseils et outils, et/ou en orientant les personnes vers des avocat-e-x-s. La Caisse juridique de soutien (CJS), peut quand à elle soutenir financièrement les personnes en cas de condamnations.
Réagir :
Il ne faut pas que la police et l’Etat soient les seuls à communiquer sur les actions répressives. Le groupe anti-répression réagit politiquement à la répression. En partageant les informations sur les opérations en cours, en décryptant les opérations de répressions et leur discours médiatiques, ainsi qu’en organisant, s’il le faut, des actions de solidarité.
Pourquoi contacter le groupe anti-répression ?
Tu as reçu un mandat de comparution à la suite d’une manifestation/action à caractère politique. Tu as été blessé-e-x par la police lors d’une manifestation/action à caractère politique. Tu as été arrêté-e-x pendant une manifestation/action et plus tard tu as reçu une amende. Tu as comparu devant la police et on t’a posé des ques- tions sur ton activité politique ou sur d’autres militant-e-x-s. Tu vas être jugé-e-x pour ton implication dans une manifestation/action, etc. Le groupe Antirep est là pour centraliser les informations, pour offrir du soutien en donnant infos et conseils, pour mettre en contact avec des avocat-e-x-s ou avec la Caisse Juridique de Soutien (CJS), pour sortir les personnes de l’isolement en proposant des stratégies de défense collectives et pour partager ses connaissances.
Comment utiliser le groupe anti-répression ?
Nous ne proposons pas un service comparable à celui d’un-e-x avocat-e-x et préférons travailler avec des personnes déterminées à s’investir dans leur propre défense. Pour limiter notre charge de travail et pour leur propre sécurité nous attendons des personnes qui nous contactent un minimum de rigueur dans la façon dont elles communiquent avec nous.
– Contacte nous par mail le plus vite possible à antirep-ge@riseup.net. En général les mandats de comparution sont envoyés environ une semaine avant la date de la convocation (qui peut, cela dit, être repoussée) et les amendes (ou ordonnances pénales) peuvent être contestées dans un délai de 10 jours. Il est donc impératif que tu sois réactiv-e-x pour que l’on puisse te conseiller. Si tu es mineur-e-x, il est également possible de discuter avec tes parents ou tes proches et de les mettre en liens avec des avocat-e-x-s pour les rassurer.
– Fais attention aux informations que tu divulgues dans les mails que tu nous envoies (par ailleurs fais attention aux informations que tu divulgues en général). Nous n’avons pas besoin de savoir ce que tu as fait pour t’aider et il vaut mieux qu’il n’existe pas de traces écrites de tes actions. Il suffit de nous envoyer les chefs d’accusation envoyés par la police, ainsi que la date et l’heure de ta convocation, ou le montant de l’amende.
– Tiens nous au courant de toutes les évolutions (nouveau mandat, changement de statut dans une affaire, date d’audience etc) par mail. Pour une même affaire, nous recevons des infos de plein de personnes différentes. La seule manière pour nous d’être efficaces c’est d’avoir tout ça à portée de main.
– Si lors d’une comparution devant la police ou un procureur, tu as craqué, fait une erreur et que tu as révèlé des informations sur toi-même ou sur quelqu’un-e-x d’autre il est important que le groupe Antirep soit mis au courant. Balancer ou donner un nom est grave et dangereux pour la personne en question. Mais balancer et ne pas donner l’opportunité à celle-ci de se préparer à s’en défendre est mille fois pire. Si cela arrive, prends sur toi, envoie-nous un mail ou dis-le à la personne en question et mets-la en contact avec nous.
– Nous tenons parfois une permanence téléphonique pendant les manifestations ou divers événements politiques, dans ces cas là tu peux trouver le numéro auprès des personnes qui distribuent des masques et/ ou des brochures et parfois un peu avant sur renverse.co. Tu peux nous appeler si : tu es témoin ou victime d’arrestations, de contrôles ou de violences policières. Si tu nous appelles pour nous signaler une arrestation l’idéal serait d’avoir pu trouver le nom de la personne interpellée, sans cela il nous est difficile de vérifier qu’elle est bien sortie. Aussi, si tu as connaissance de la sortie de quelqu’un.e ou si toi même tu sors du poste appelle nous ou envoie nous un mail si le numéro n’est plus joignable, il nous est tout à fait indispensable d’avoir les infos concernant les sorties.
La meilleure façon de lutter contre la répression, c’est la prévention. Certaines pratiques peuvent compliquer le travail de la police et donc éviter des suites judiciaires: dissimuler ton visage contre le fichage policier, porter des gants, ne pas laisser traîner tes affaires au mauvais endroit pour éviter la prise d’empreintes ou d’ADN, virer systématiquement les choses qui pourraient t’incriminer de chez toi/de ton téléphone/de ton ordi, et te renseigner sur tes droits face à la police. Garde en tête que 80% des condamnations se font sur les aveux des prévenu-e-s, se taire face à la police est un droit !